lundi, 12 janvier 2009
12 janvier 1909: l'Empire ottoman renonce à la Bosnie-Herzégovine
Il y a cent ans…
L’Empire ottoman renonce à la Bosnie-Herzégovine
12 janvier 1909 : L’Empire ottoman accepte les propositions que lui avait fait l’Autriche le 9, c’est-à-dire renoncer à tous ses droits sur la Bosnie-Herzégovine, que Vienne avait annexée en octobre 1908, avec, rappelons-le, l’aval de la Russie, donné en septembre 1908. La défaite de la Russie face au Japon, qui avait reçu l’appui des puissances navales anglo-saxonnes, impliquait l’obligation pour Saint-Pétersbourg de renoncer à toute ouverture sur les mers chaudes dans le Pacifique. Il faut donc qu’elle cherche ailleurs un débouché vers les mers chaudes, notamment en Egée et en Méditerranée orientale. La défaite face au Japon oblige donc la Russie à revenir dans les Balkans, espace qu’elle avait négligé dans les décennies précédentes au profit de l’Asie centrale et de l’Extrême-Orient. Elle se heurte aux aspirations autrichiennes de porter vers l’Egée l’impérialité romaine-germanique, dont elle était encore la titulaire officieuse, en dépit de la dissolution officielle du Saint Empire sous la pression de Bonaparte en 1806. La Turquie accepte, résignée, de laisser les Balkans à l’empire danubien austro-hongrois, moyennant des compensations financières et une aide au développement, qui viendra plutôt du Reich allemand. Sous l’impulsion du programme « panserbe » du premier ministre serbe Stojan Novakovic, les populations slaves et orthodoxes des Balkans, à l’exception des Bulgares, se hérissent face à la perspective de tomber sous la coupe d’un empire catholique et cherchent l’appui d’une Russie qui ne peut plus le leur donner avec toute l’efficacité voulue, sauf si elle emprunte à la France, qui, elle, a toujours cherché à déstabiliser le cœur du continent, à le balkaniser et le rendre ingouvernable. La nouvelle donne crée les conditions des prochaines guerres balkaniques, de la guerre italo-turque et, à terme, de la première guerre mondiale (Robert Steuckers).
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lundi, 22 décembre 2008
Pour une nouvelle Ostpolitik
Michael WIESBERG:
Pour une nouvelle “Ostpolitik”
Récemment, les tentatives unilatérales des Etats-Unis d’élargir l’OTAN, en y incluant la Géorgie et l’Ukraine et en contournant de la sorte des décisions antérieures et claires, lancent dans le débat quelques questions fondamentales, appelant les partenaires européens des Etats-Unis au sein de l’Alliance atlantique, dont l’Allemagne, à prendre position dans l’avenir. La situation actuelle suscite avant toute chose la question suivante: comment les relations transatlantiques futures s’agenceront-elles? La Russie ne laisse planer aucun doute: elle considère que l’élargissement de l’OTAN à la Géorgie et à l’Ukraine relève de la pure provocation. Concrètement, nous courrons le danger d’une nouvelle période de gel sinon celui d’une nouvelle Guerre Froide avec la Russie.
Ce glissement vers une nouvelle Guerre Froide ne va pas dans le sens des intérêts européens et allemands, pour plusieurs raisons. Déjà les rapports étaient fort tendus, à cause de la Guerre d’Août dans le Caucase en 2008 et du projet américain d’installer des fusées en Europe de l’est. La Russie considère qu’elle est de plus en plus menacée par l’OTAN et en particulier par les Etats-Unis. Ainsi, le Président russe Dimitri Medvedev déplore dans son discours sur l’état de la nation, tenu le 5 novembre dernier, que l’on s’active à mettre en place “un nouveau système global de missiles anti-missiles” et que la Russie est actuellement “encerclée par des bases militaires”, tandis que l’OTAN tente de s’élargir sans la moindre retenue. Medevedev a ensuite évoqué les contre-mesures russes, qu’il a qualifiées de “contraintes et forcées”. Comme son prédecesseur Poutine, Medvedev a rappelé que le monde “ne peut être dirigé depuis une seule capitale” et a demandé que “l’architecture d’une sécurité globale” soit mise en place, qui engloberait la Russie, les Etats-Unis et l’UE.
Jusqu’à présent, les Etats-Unis ont ignoré froidement ces avances et, pire, ont poursuivi sans sourciller leur politique des coups d’épingle contre les intérêts stratégiques russes. Même les partenaires européens des Etats-Unis ne comprennent guère quels sont les motifs géopolitiques de cette attitude américaine. Expriment-elles le fait qu’une superpuissance comme les Etats-Unis soit soumise à des dynamiques spécifiques qui impliquent “un besoin permanent d’intervention”, ainsi que l’a qualifié le politologue berlinois Herfried Münkler? D’après lui, les Etats-Unis ne pourront réaffirmer leur rôle de superpuissance que s’ils s’avèrent capables de contrôler réellement les “flux de capitaux de l’économie mondiale” et de déterminer “les rythmes de l’économie mondiale”.
De telles capacités sont désormais remises en question, vu la crise financière actuelle. Dans cette optique, un rapport récent (“Global Trends 2025”), émis par le NIC (“National Intelligence Council”), explique que nous sommes au beau milieu d’une phase de transition et que nous nous acheminons vers un “nouveau système” qui s’installera graduellement au cours des vingt prochaines années. Dans ce “nouveau système”, les Etats-Unis demeureront sans conteste le “principal acteur” sur la scène internationale, mais leur position sera “moins dominante” qu’auparavant. Les Etats-Unis, poursuit le rapport, ne pourront maintenir et défendre leur statut que s’ils continuent à jouer un rôle décisif dans “l’espace eurasien”, où vivent les trois quarts de la population mondiale. Ce n’est donc pas un hasard si les principaux challengeurs des Etats-Unis (la Chine, l’Inde et la Russie) se situent justement dans cet espace. Si les Etats-Unis y perdent leur influence, cela reviendrait à perdre leur position hégémonique sur le globe.
Mais dans cette volonté de se maintenir dans “l’espace eurasien”, les Etats-Unis butent contre une difficulté majeure: ils sont là-bas une “raumfremde Macht”, une “puissance étrangère à l’espace”; ils doivent donc se maintenir et s’affirmer sur une masse continentale où ils ne sont pas chez eux et où ils demeurent par conséquent vulnérables. Cette constellation oblige les Etats-Unis à multiplier leurs manoeuvres, à mouvoir constamment leurs pions sur l’échiquier eurasien, selon l’expression du stratégiste Zbigniew Brzezinski, aujourd’hui devenu conseiller d’Obama. Si ces manoeuvres sont souvent dirigées contre la Russie, c’est parce que celle-ci occupe une position centrale sur cette masse continentale eurasienne.
On peut me rétorquer, ici, que la Russie n’est certainement pas la puissance la plus solide de l’espace eurasien et que, dans l’avenir, elle ne pourra guère concurrencer l’UE et la Chine. Le publiciste allemand Hauke Ritz nous explique clairement pourquoi les Etats-Unis sont néanmoins portés à affaiblir constamment la Russie. C’est parce que cette dernière, vu sa position géographique et ses richesses en matières premières, est en mesure de concrétiser des “coopérations inter-eurasiennes”, notamment sous la forme de “relations économiques approfondies” avec l’UE. L’Europe y gagnerait en “indépendance” et, à la longue, cela mettrait en danger l’orientation transatlantique de sa politique depuis 1945.
Cette vision des choses est tout à fait plausible vu la complémentarité de bon nombre d’intérêts européens et russes. Par exemple: l’Europe ne peut pas réellement assurer ses apporvisionnements énergétiques sans la Russie; quant à la Russie, elle a un besoin énorme en technologie européenne. Cette complémentarité inquiète énormément les stratégistes américains, comme l’atteste, entre autres choses, la teneur du dernier livre de Brzezinski, “The Second Chance”, paru en 2007. Il y explique qu’il faut plus ou moins isoler la Russie en scellant des accords avec l’Europe et avec la Chine. La volonté américaine d’élargir l’OTAN encore plus à l’Est correspond pleinement à ces injonctions de Brzezinski, dans le sens où elles débouchent sur un morcellement complémentaire des sphères d’influence russes.
Une telle stratégie vise à créer un système de sécurité dominé par les Etats-Unis et englobant l’ensemble du continent européen jusqu’à ces confins caucasiens. Mais elle ne résussira que si elle reçoit l’aval et le soutien inconditionnels de l’Europe. Or, dans le rapport du NIC, celle-ci est décrite, avec mépris et condescendance, comme “un géant boiteux”, incapable de transformer sa puissance économique en puissance politique. Ce qui n’empêchera pas ce “géant boiteux” de devoir tôt ou tard prendre une position claire: peut-être acceptera-t-il la logique hégémoniste des Etats-Unis mais cela équivaudra à renoncer aux intérêts propres de l’Europe. Or un renoncement pareil ne constitue nullement une option politique valable pour le long terme. Il est donc grand temps que le “géant boiteux” apprenne à marcher droit.
Michael WIEBERG.
(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°50/2008, traduction française: Robert Steuckers).
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vendredi, 03 octobre 2008
H.Chr. Strache: vainqueur à Vienne
Hans B. von SOTHEN:
Heinz-Christian Strache: vainqueur à Vienne
Heinz-Christian Strache a réussi un véritable exploit que l’on aurait jugé tout-à-fait impossible en avril 2005, lorsque Jörg Haider venait de quitter la FPÖ et de fonder sa nouvelle liste électorale, “Bündnis Zukunft Österreich” (“Alliance pour l’Avenir de l’Autriche”), tout en laissant, à l’aile nationale, la FPÖ résiduaire, vouée en apparence à la disparition définitive. Né en 1969 à Vienne, Strache est technicien-dentiste, père de deux enfants et divorcé; il a non seulement préservé les “Freiheitlichen” du déclin mais a tiré ce parti, qui n’avait alors plus que 4%, de l’insignifiance et a refait de lui le troisième parti d’Autriche, cette fois en concurrence avec Jörg Haider. En peu de temps, il a su redonner une identité et de l’optimisme à la FPÖ.
Mais les blessures du temps de la rupture sont loin d’être cicatrisées. Strache et la FPÖ ne peuvent pas pardonner Haider d’avoir voulu détruire le parti et, avec lui, l’ensemble de ce que l’on appelle en Autriche le “Troisième Camp” (“Dritter Lager”), rien que pour former un “mouvement” tourné vers lui seul, vers sa seule personne. La déception face à l’infidélité du “père fondateur” était née, toutefois, un peu avant cette rupture, lorsque Haider avait déclaré, au début de l’année 2005, qu’il n’avait rien à redire quant à une éventuelle adhésion turque à l’UE.
C’est pourquoi Strache a toujours rejeté abruptement toutes les tentatives de rapprochement, émanant de Haider. Lors d’un débat à l’ORF, le nouveau chef de la FPÖ a refusé le tutoiement que lui proposait Haider. Lors d’autres rencontres fortuites, l’Obmann (= chef de parti en Autriche) de la FPÖ ignore ostensiblement la présence de Haider.
La recette de Strache est simple: retour aux origines, retour aux thèmes propres de la première FPÖ. La formule, qu’il a trouvée, pour désigner son parti, “Die soziale Heimatpartei”, “Le parti social de la patrie (charnelle)”, attire l’électeur. L’élément proprement national ne constitue plus un thème habituel mais demeure indubitablement le facteur de cohésion dans les groupes de base de la FPÖ. En Autriche, contrairement à ce qui se passe en République Fédérale allemande, il n’existe pas seulement un parti “freiheitlich”, mais aussi un vivier politique de tradition “freiheitlich”, le “Dritte Lager”, le “Troisième Camp”. Camp auquel appartiennent également les frères devenus ennemis du BZÖ. Ce camp, tous clivages confondus, est devenu, dimanche dernier, et pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la principale force politique d’Autriche. Mais cette situation, grisante en apparence, recèle bien des dangers.
Strache, le soir après le scrutin, a dû constater que Haider était le second vainqueur des élections et pouvait, lui aussi, fêter un succès inattendu. Strache a adressé ses meilleurs voeux de succès au Carinthien mal aimé, ce que quelques médias ont interprété comme une première tentative de rapprochement. Ce que Strache et les grands de la FPÖ ont démenti avec véhémence. Ils savent qu’en politique un et un ne font pas toujours deux et fort souvent moins de deux. Les cabrioles erratiques prévisibles de Haider deviendraient rapidement, en cas de rabibochage, les germes d’une nouvelle crise du “Troisième Camp”. Toute négociation en vue d’une réunification causerait des lézardes internes au sein de la FPÖ. De ce fait, à court ou moyen terme, Strache n’acceptera pas de retour en arrière.
Hans B. von SOTHEN.
(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°41/2008; trad. franç.: Robert Steuckers).
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vendredi, 15 août 2008
La "Légion Tchèque" en Russie
Erich KÖRNER-LAKATOS:
La “Légion tchécoslovaque” en Russie
A la mi-août 1914, le Tsar va à l’encontre d’une demande des Tchèques vivant en Russie, qui veulent constituer des unités autonomes dans l’armée impériale russe. Sur la Place Sainte-Sophie de Kiev, les premiers éléments de cette légion tchèque prêtent bientôt serment de fidélité à l’autocrate de toutes les Russies. Il s’agit de quatre compagnies de fantassins, dont les soldats se nomment eux-mêmes “Ceska Druzina”, la “suite tchèque”; ils veulent à tout prix libérer leur patrie de la domination autrichienne. Les journaux russes considèrent cet engagement comme une curiosité, voire une bizarrerie: ils appellent cette petite troupe la “Légion Hussite”.
Dans le cadre de la 3ème Armée russe, les “Hussites”, commandés par le Lieutenant-Colonel Lokocky, réussisent leur mission: faire de l’agitation panslaviste dans le dos de l’ennemi. En octobre déjà, près de Jaroslaw en Galicie, des éléments du 36ème Régiment d’Infanterie austro-hongrois et du 30ème Régiment de la Landwehr se rendent sans avoir résisté. Mais le coup de maître des “Hussites” a eu lieu le 3 avril 1915. Au Col de Dukla dans les Carpathes, le 28ème Régiment d’Infanterie, composée essentiellement de ressortissants tchèques, et plus de 1400 hommes du Régiment de la Place de Prague passent avec armes et bagages dans le camp russe. Mais ce ne fut pas tout: lors des combats le long de la San, les 26 et 27 mai, de nombreux soldats du 18ème Régiment d’Infanterie de Königgrätz, du 21ème Régiment de Tschaslau et l’entièreté du 98ème Régiment d’Infanterie de Hohenmauth désertent. Ces régiments étaient tous composés de soldats récrutés ou mobilisés dans des régions tchèques.
La plupart de ces soldats, qui venaient de rompre leur serment, n’a pas envie de poursuivre la guerre; seuls peu de transfuges s’engagent dans la Légion, dont les 1673 hommes (fin 1915) demeurent majoritairement des Tchèques de Russie. En décembre 1916, la Légion compte 2500 soldats; ce nombre est vraiment réduit, si on tient compte que 50.000 à 60.000 soldats tchèques de l’armée impériale autrichienne sont prisonniers des Russes; leurs sentiments sont toutefois peu loyaux à l’endroit de Vienne, comme l’atteste le témoignage de nombreux codétenus allemands ou hongrois, auxquels, ostensiblement, ils ne manifestent aucun esprit de camaraderie. Certains essaient d’amadouer les gardiens russes en leur disant qu’ils sont “leurs frères slaves”, ce qui ne leur rapporte que des coups.
Sur pression de leurs alliés occidentaux, courtisés par Masaryk et Benes, le Ministère des Affaires Etrangères du Tsar accepte en février 1917 la constitution d’une armée tchèque autonome en Russie. Les “Hussites” de la première heure inondent alors les camps de prisonniers de tracts appelant à l’engagement dans cette nouvelle armée mais les résultats sont maigres. Le nouveau gouvernement Kerenski à Saint-Pétersbourg regarde cette agitation avec méfiance mais ne souhaite pas contrarier Paris et Londres.
Dans la foulée de l’offensive Broussilov, les trois régiments de la Légion Tchèque (désormais forte de 3530 hommes) se retrouvent le 2 juillet 1917 près de Zborov, une localité de Galicie, située entre Lvov et Tarnopol, face au 35ème régiment d’Infanterie de Pilzen (61% des hommes sont tchèques), au 75ème Régiment d’Infanterie de Neuhaus, autre ville de Bohème (le Régiment compte plus de quatre cinquièmes de Tchèques) et à une unité croate. A la suite du travail de sape et d’agitation des “Hussites”, ce corps de troupes impériales et royales austro-hongroises, se rend après un bref combat; en tout, 62 officiers et 3150 hommes. Seules quelques unités, essentiellement allemandes et croates, résistent avec acharnement malgré le risque de prendre une balle dans le dos, meilleur moyen pour les déserteurs de se frayer un passage vers l’ennemi.
Plus tard, la République tchécoslovaque célèbrera le combat de Zborov comme le jour de la naissance de l’armée nationale; les “Hussites” ont effectivement gonflé cette victoire sans combat pour en faire un mythe héroïque. Même les alliés occidentaux tombent dans le panneau et soutiennent la Légion. A la fin de l’année 1917, la Légion Tchécoslovaque, qui se donne désormais ce nom alors qu’il n’y a que 3% de Slovaques parmi ses effectifs, compte désormais 35.000 hommes car bon nombre de prisonniers accordent foi aux promesses qui leur sont faites ou fléchissent devant les pressions. Mais les belles promesses ne se concrétisent pas: à l’automne de 1917, plus aucun approvisionnement ne parvient de Russie, les Tchèques sont obligés de réquisitionner des stocks; d’autres marchandises sont saisies sans autre forme de procès, comme l’admit Masaryk lui-même. La Paix de Brest-Litovsk met la Légion tchèque dans une sale position: elle risque d’être livrée à l’Autriche-Hongrie. Les Bolcheviks accordent le 15 mars 1918 un laisser-passer à la Légion, à la condition toutefois qu’elle n’intervient pas dans les conflits internes de la Russie. Masaryk décide d’évacuer ses hommes vers le Pacifique en empruntant le Transsibérien; ensuite, ces soldats embarqueront à Vladivostok pour parcourir la moitié du globe et aller garnir le front français. Le 25 avril, effectivement, les premiers légionnaires tchèques atteignent le port sibérien d’Extrême-Orient; en mai, 14.000 autres soldats les rejoignent, en une douzaine de tenues différentes, sans armes, car les partis de la guerre civile russe les leur ont prises, en guise de péage pour les laisser passer.
Au printemps de 1918, l’état-major britannique conçoit un plan: faire passer une partie de la Légion par Arkhangelsk et l’amener sur le front occidental. Ce plan déclenche une grosse agitation dans les rangs des “Hussites”; un grand nombre d’entre eux cultivaient sans nul doute des arrière-pensées; il valait mieux, pensaient-ils, effectuer un très long voyage par le Transsibérien, attendre un navire sur les côtes du Pacifique, traverser le plus grand océan du monde et faire ainsi le tour du globe. A ce moment-là, spéculaient-ils sans doute, la guerre serait finie et ils échapperaient tous au front de France, auquel aspiraient prétendument les forts en gueule et les Svejks de la nouvelle Légion.
La ville de Tchéliabinsk dans l’Oural fut alors le théâtre de querelles et de bagarres, où l’abus de vodka ne fut certes pas étranger, entre Tchèques et Bolcheviks. Pour cette raison, Trotski ordonne le 25 mai, dans une circulaire télégraphiée, de désarmer immédiatement les légionnaires tchèques. Cet ordre fut vain car le long du Transsibérien les soldats de l’Armée Rouge sont trop peu nombreux et rassemblés dans des bandes désordonnées; ils ne feront pas le poid devant les légionnaires tchèques armés jusqu’aux dents. Très rapidement, les principales gares de la voie de chemin de fer entre la Volga et Vladivostok tombent aux mains des légionnaires tchèques.
Le 18 juin 1918, ils prennent la ville de Troïk et y commettent une hécatombe; parmi les victimes, beaucoup de prisonniers austro-hongrois de langues allemande ou hongroise. Le 10 août, Kazan tombe à son tour aux mains de la Légion Tchèque. Dans la ville prise, ils s’emparent des réserves de devises de la Banque Impériale Russe de Saint-Pétersbourg, qui y avaient été entreposées. En tout, 651 millions de roubles-or.
Ennivrés par leurs succès, dû à la faiblesse des effectifs de l’Armée Rouge et à l’inexpérience de ses combattants, et excités par les Alliés occidentaux, qui répandant la légende de la coopération étroite entre les puissances centrales et Lénine, la Légion se pose alors en dominatrice de la Sibérie. Le comportement des légionnaires à l’endroit de la population est épouvantable.
Mais le sort des armes, d’abord favorable aux légionnaires tchèques, n’a pas duré. En septembre, les Rouges attaquent et leurs succès sont fulgurants. Mais les Tchèques ont suffisamment de temps pour faire partir 250 trains de marchandises pillées, de munitions et d’armes. La Légion démoralisée quitte alors les rives de la Volga et se replie vers l’Est, en même temps que l’Amiral Koltchak, ancien commandant en chef de la flotte de la Mer Noire et désormais chef des armées blanches. Koltchak et les Tchèques ont désormais partie liée.
En dépit des défaites, le nombre de légionnaires ne cesse de croître car, à Prague, le 28 octobre 1918, naît officiellement la République tchécoslovaque indépendante; beaucoup de prisonniers avaient attendu ce moment pour se joindre à la Légion et pour rentrer le plus vite possible en leurs foyers, en toute légalité. A la fin mai 1919, l’ensemble de la Légion se trouve en Sibérie occidentale, entre l’Oural et le Lac Baïkal. En Europe, la guerre est finie. Les Tchèques ne veulent plus qu’une chose: partir.
Lorsque les Rouges prennent Irkhoutsk et barrent aux légionnaires la route de l’Est, les Tchèques sacrifient l’Amiral Koltchak et livrent le 15 janvier 1919 leur ami et allié aux Bolcheviks, afin de pouvoir fuir librement vers l’Est, vers Vladivostok. Quelques jours plus tard, le malheureux amiral blanc fit face au peloton d’exécution. Plus tard, les Tchèques, la mort dans l’âme, doivent abandonner le trésor russe pris à Kazan. Mais pas entièrement. Sur le dernier tronçon du Transsibérien, le long du fleuve Amour, les troupes japonaises font face aux Rouges et permettent aux Tchèques de passer. Beaucoup de Tchèques utilisent l’or et l’argent de Kazan pour faire des transactions importantes. Ils achètent, à des prix très nettement inférieurs à ceux du marché, du cuivre (quelque 740.000 tonnes), du coton (5600 tonnes), du caoutchouc (5000 tonnes) et du salpètre (2500 tonnes). Plus de vastes quantités de cuir, de peaux et de machines. A Vladivostok, la Légion réquisitionne vingt-huit wagons transportant des pneus de camion, pour une valeur de 38 millions de roubles. En plus, les légionnaires, pillent la résidence du consul du Danemark, dont les objets d’art précieux se sont retrouvés en 1922 dans le Musée National de Prague.
Gerburg Thunig-Nittner écrit dans son ouvrage de référence sur la Légion Tchèque, paru en 1970: “On n’expliquera jamais complètement comment les légionnaires, à titre individuel, ont acquis cette immense fortune, qu’ils ont rapporté dans leur pays. On ne pourra jamais prouver, non plus, quelles sont les parties de cette fortune qu’ils ont acquises en toute régularité et quelles sont celles qu’ils se sont appropriées de manière illégale. Mais qu’en ce domaine, ce soit seule la loi du plus fort qui ait primé, voilà qui est hors de doute”.
Le retour au pays, via le Grand Océan, commença le 9 décembre 1919. Les “Svejks” peinaient sous le poid de leur butin. Immanquablement, cette situation nous amène à méditer le “Ring des Polykrates” de Schiller, où l’on trouve les vers suivants: “De trésors étrangers richement chargée/ revient dans les eaux de la patrie/ la forêt des bateaux aux nombreux mâts” (“Mit fremden Schätzen reich beladen/ Kehrt zu den heimischen Gestaden/ Der Schiffe mastenreicher Wald”).
Erich KÖRNER-LAKATOS.
(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°35/2006; trad. franç. : Robert Steuckers).
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samedi, 09 août 2008
Sur Ion Antonescu
Erich KÖRNER-LAKATOS:
Ion Antonescu, Maréchal et Conducator
Quelques jours après le deuxième arbitrage de Vienne (30 août 1940), qui règlait les contentieux entre la Hongrie et la Roumanie sous la houlette de von Ribbentrop, des troubles éclatent à Bucarest. En effet, les Roumains sont consternés: sans qu’un seul coup de fusil n’ait été tiré, la Bessarabie, le Nord de la Boukovine et la moitié de la Transylvanie ont été perdus et on s’attend à la perte du Sud de la Dobroudja. La Grande Roumanie de 1918, voulue par les Français à Versailles, s’est tout bonnement effritée. La colère du peuple se tourne d’abord contre le roi et contre sa maîtresse, Madame Lupescu. Le roi ne sait quelle décision prendre. Le conseil de la Couronne se réunit en permanence. C’est alors qu’un général se présente au Château royal: il s’appelle Ion Antonescu. L’officier vient d’un cloître éloigné de Bistritza, où le souverain l’a fait interner. La résidence royale devient subitement le lieu d’un affrontement. Antonescu évoque l’état d’esprit qui règne au sein du peuple et des forces armées et force le roi à se contenter d’un rôle purement représentatif. Le monarque appelle alors le commandant de sa garde. Il lui pose la question: ses soldats sont-ils prêts à tirer sur les manifestants? Le commandeur des prétoriens roumains répond par la négative.
Carol II ne voit dès lors pas d’autre issue: sur l’heure, en ce 4 septembre 1940, il nomme Antonescu Premier Ministre. Après avoir reçu la promesse de pouvoir quitter le pays sain et sauf, le roi abdique, s’en va au Portugal, pays généralement choisi par beaucoup d’exilés à l’époque. Son successeur est son fils Mihail, qui cède au nouvel homme fort de la Roumanie bon nombre de ses prérogatives royales: il n’en gardera que cinq.
Qui est donc cet homme qui veut sortir son pays de la crise, d’une main de fer? Ion Antonescu est le fils d’une ancienne famille d’officiers. Il est né le 15 juin 1882 à Pitesti en Valachie, dans le pays vallonné, semi-montagneux, qui annonce les Carpathes du Sud. Avec le grade de major, il s’était distingué pendant la première guerre mondiale. Après la Grande Guerre, par des coups de hussard, il lutte victorieusement contre la république communiste des Conseils hongrois, ce qui lui vaut un avancement rapide. Sous le règne de Carol II, en 1933, il accède au poste de chef d’état-major. Antonescu se jette avec fougue dans sa nouvelle mission mais ses projets déplaisent au monarque. Antonescu démissionne au bout d’un an. En 1937, il assume brièvement la charge de ministre de la défense. Ce poste de ministre n’est qu’une fausse promotion car le général n’est guère apprécié du roi et de la camarilla de la cour: il a des manières trop ouvertes, un style direct et surtout il mène une vie d’ascète. Pour les gens simples, Antonescu incarne le contraire diamétral de ce que représente à leurs yeux la caste dominante roumaine de Bucarest, francophile et aux moeurs dépravées, dont le symbole était le roi Ferdinand, plus tard Carol, alcoolique notoire. Les cercles dominants du “Paris de l’Est” se complaisaient dans le clinquant d’une “victoire” fictive lors de la première guerre mondiale. Le gouvernement avait fait édifier un arc de triomphe dans la capitale.
Après cette parenthèse, le nouveau chef d’Etat (le “Conducatorul al Statului”) se met énergiquement au travail. Un jour seulement après son entrée en fonction, les négociateurs roumains signent le Traité de Craiova qui sanctionne la rétrocession de la Dobroudja méridionale à la Bulgarie. En échange, les Roumains obtiennent ce qu’ils voulaient par ailleurs: que Berlin et Rome garantissent l’intangibilité de leurs nouvelles frontières. Sur le plan de la politique intérieure, Antonescu innove également. Il appelle plusieurs représentants de la fameuse Garde de Fer dans les cabinets ministériels. Le chef des gardistes roumains, Horia Sima, devient son représentant, son substitut. Le nouveau gouvernement demande à Berlin une aide substantielle pour réorganiser l’armée roumaine. Les Allemands ne se le font pas demander deux fois car ils songent surtout au pétrole de Ploesti. Le 15 septembre, le Général Kurt von Tippelskirch arrive à Bucarest. Des troupes composées d’instructeurs le suivent très rapidement: en tout, 20.000 hommes. Le calcul d’Antonescu est clair: il veut récupérer les régions perdues, en montrant une loyauté exemplaire à l’égard d’Adolf Hitler. A la fin du mois d’octobre 1940, les Soviétiques occupent trois îles dans le delta du Danube, acte qui soude littéralement Bucarest à Berlin. La réponse à la provocation soviétique est simple: la Roumanie adhère immédiatement au Pacte des Trois Puissances (ou l’Axe Berlin-Rome-Tokyo).
A la fin du mois de mai 1941, les troupes allemands commencent à se déployer le long de la Moldava, où, dans le cadre d’une mobilisation cachée, stationnent déjà quinze divisions roumaines. Au début de l’Opération Barbarossa, 200.000 soldats de l’infanterie allemande se trouvent sur le sol roumain. Le 12 juin 1941, Antonescu rencontre Hitler. Celui-ci l’informe de l’imminence de la guerre à l’Est. Le Chancelier du Reich est séduit par ce général aux arguments clairs, aux discours sans fioritures inutiles et lui offre aussitôt le commandement de toutes les unités de l’aile droite du futur front de l’Est. Ce “Groupe d’armées Antonescu” comprend la 11ème Armée allemande et les 3ème et 4ème armées roumaines. Le matin du 22 juin fatidique, Antonescu part immédiatement pour le front, dans un train spécial. Les Roumains étaient déjà en train de consolider des têtes de pont sur la rive orientale du Prouth. Le 26 juin, des appareils soviétiques bombardent Bucarest, la zone pétrolifère de Ploesti et le port de Constanza sur la Mer Noire.
Le Conducator devint rapidement le terreur des états-majors. Il harangue ses troupes, veille à ce qu’elles soient parfaitement approvisionnées. Les soldats l’adorent: sans peur, le Général vient leur rendre visite sous le feu de l’ennemi dans les tranchées les plus exposées du front. Au départ, le “Groupe d’armées Antonescu” avait reçu pour mission de protéger la Roumanie contre toute attaque soviétique vers le Danube. Mais au bout d’une semaine, ce groupe d’armées s’élance à l’attaque, avec succès car, le 26 juillet, il prend la ville d’Akkerman (ou, en roumain, “Getatea-Alba”) sur le cours inférieur du Dniestr, qui redevient roumaine, comme toute la Bessarabie et le Nord de la Boukovine. La population acclame les troupes roumaines libératrices. Le 6 août 1941, Antonescu est le premier étranger à recevoir la Croix allemande de Chevalier; deux semaines plus tard, le roi le nomme Maréchal de Roumanie. Après avoir atteint le fleuve-frontière qu’est le Dniestr, Antonescu renonce à ses fonctions de commandant de groupe d’armées et retourne à Bucarest. Beaucoup pensent qu’avec la reconquête de la Bessarabie, que Moscou avait obtenue en faisant pression sur la Roumanie, la guerre est finie. Le jeune roi Mihail déclare: “Nous devons rester sur le Dniestr. Entrer en Russie signifierait agir à l’encontre de la volonté du pays”. Mais personne ne l’écoute.
Antonescu prend alors une décision qui sera lourde de conséquence: il croit aux vertus de la Blitzkrieg, de la guerre-éclair, et fait marcher les troupes roumaines dans la région qui s’étend immédiatement au-delà de la rive orientale du Dniestr. Les Roumains l’annexent sous le nom de Transnistrie. Lors de la prise d’Odessa, les difficultés surviennent: la ville ne capitule qu’au bout de deux mois et les Roumains ont dû faire appel à l’aide allemande. En décembre 1941, le Reich demande à ses alliés de participer plus activement à la consolidation du front oriental. Antonescu, sans broncher, renforce ses contingents, dans l’idée de récupérer bientôt le nord de la Transylvanie, devenu hongrois. Vingt-six divisions de l’armée royale roumaine garnissent désormais le flanc sud du front de l’Est. Vers la fin de l’année 1942, la fortune des armes change de camp. Le 19 novembre 1942, les Soviétiques amorcent une grande offensive vers le Don, ce qui conduit à l’effondrement de la 3ème armée roumaine. En même temps, l’Armée Rouge annihile la 4ème armée dans la steppe des Kalmoucks.
Au début de l’année 1943, le Maréchal Antonescu est pris entre deux feux. Les pertes énormes en hommes font que le roi se met à douter de son Premier Ministre. Par ailleurs, lors d’une rencontre, Hitler le morigène cruellement. Dans une atmosphère de glace, où la conversation est menée debout, l’Allemand le rend responsable du désastre sur le Don et à Stalingrad. Au printemps, Antonescu envoie des négociateurs pour traiter avec les alliés occidentaux. A la mi-mai, ces négociations sont rompues parce que les conditions imposées parl es Anglo-Américains sont trop dures. “Nolens volens”, Antonescu est contraint de poursuivre le combat dans le camp de l’Axe. Neuf mois plus tard, les troupes soviétiques s’approchent des frontières roumaines. Dans le royaume, on décrète la mobilisation générale. Le “Groupe d’Armées d’Ukraine méridionale”, commandé par le Colonel-Général Hans Friessner compte à l’été 1944 un million de soldats.
Le 20 août, les feux de l’enfer se déchaînent. Après une préparation d’artillerie qui a duré des heures, où les Soviétiques lancent des milliers et des milliers de fusées “Katiouchka”, les blindés de Staline se taillent une brèche dans le front. Deux jours après, Antonescu se présente chez Freissner, qui commence par lui servir un bon verre de vin, avant de lui annoncer que l’effondrement menace, est imminent. Le roi, à son tour, passe à l’action, et ordonne au Prince Stirbey, chef de la délégation roumaine qui négocie au Caire, d’accepter les conditions draconiennes imposées par les Alliés pour un armistice. C’est alors que se répèta un scénario sembable à celui qui eut lieu à Rome un an plus tôt: le souverain convoque Antonescu au palais l’après-midi du 23 août; lors de l’audience, des officiers affidés au roi s’emparent de la personne du Maréchal.
Le nouveau Premier Ministre est le Colonel-Général Constantin Sanatescu. A vingt-deux heures, à la fin de cette journée de tumultes, les Roumains entendent la voix de leur roi à la radio: “la dictature a pris fin et ainsi toute forme d’oppression”. Le gouvernement Sanatescu rompt le lendemain toutes les relations avec Berlin et déclare la guerre à l’Allemagne le 25 août.
Ion Antonescu et ses plus proches collaborateurs sont alors aux mains des communistes roumains, actifs dans la clandestinité; ils livrent leurs prisonniers aux Soviétiques. Après deux ans d’emprisonnement en Union Soviétique, l’ancien Premier Ministre roumain revient à Bucarest. Un procès pour crimes de guerre s’organise, qui se termine par une sentence de mort comme l’avaient exigé les Soviétiques. Tôt le matin du 1 juillet, on amena le Maréchal dans la cour de la prison militaire de Bucarest-Jilava. Ce furent les dernières minutes de la vie de Ion Antonescu.
Erich KÖRNER-LAKATOS.
(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°32/2006; trad. franç.: Robert Steuckers).
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mardi, 22 juillet 2008
The Czech project "Delian Diver"
The Czech project “Delian diver”
(as explained at the Euro-Rus conference having taken place in Flanders on June 28th, 2008).
The introducing of “Delian Diver”
We regard our project as an unique attempt in the central European area, especially in the territory we are joint with- in concrete the countries of former Czechoslovakia, nowaday`s Czech and Slovak Republic. Our impulse for establishing such platform was the well founded perception of lasting informational vacuum in Czech Republic, a sort of artifically maintained status quo of “the death caused by silence”, which puts the bar on spreading the ideas of various thinkers of European Resistance Movement and information about varied identitary movements and organizations which operate all over Europe or are led by people of European descend overseas. Unfortunately this kind of informational vacuum includes the scope of “nonconformist identitary underground” penetrated only by incomplete information and fragmentary news.
More than 40 years of darkness, informational and linguistic embargo has logically resulted in the impossibility of keeping the pace with actual European trends and ideas in the domains of no support by the oppresive communist regime and official massmedia.
We respect the freedom of speech regarding it as one of the most important values of functional society, therefore we are not going to resort to newspeak bringing back the orwellian world, also we don’t respect any kind of either legal or non-written norms of political correctness and worshipping the liberal democracy as a “golden calf” in terms of the evangel of its own kind within the rule of New World Order.
On the other side we don`t want to be “showly incorrect” just by reason of some “teenage” rebelion and negation. First of all our aim is to hold a free and open discussion involving European and global themes, bare of new prejudices of those who on the grounds of false fundamentals aim for their historical elimination. Nothwithstanding the fact that by proclaiming ourselves as “politically incorrect” we display our awareness of existence of something “politically correct”. There is just one truth and in accordance with Dr. Sunic we deem one of the main contemporary focuses is to clear the liberal lexical junk off our discursus.
We are the representatives of the nation of European civilisational sphere, which is exposed to situation being indisputably unique in the whole history of mankind- delegation of its power to the agents of the global universalist doctrine striving for absolute uprooting of an individual from his natural structure and his effective enslavement by both open and latent covered methods. We are aware of the succesful or unsuccesful attempts to exterminate the whole ethnic or broader civisisational entities in the course of history, but almost always it was the result of the pressure imposed on that entity by an external enemy, not of the dominating flagellatory suicidal voices from within.
Simultaneously we have been manipulated into the participation on the global conflict which doesn`t reflect our interests, moreover without the understanding of its causes and consequences. We refuse to tend blindly to the atlanticists` desire for distribution of liberal and and multicultural “worldwide hapiness key” irrespective of geographical, cultural and historical conditions, as like as we can`t bear to be the silent witnesses of spreading and enforcement of the alien authentic cultures and religions progressively gaining more and more influence at the European continent.
We would like to become a free platform of ideas whereby its objective is the rennaisance of European civilization and redefinition of its cultural essence in the environment of 21. century. In the age of new millenium the “long march” of hostile forces which had commenced centuries ago in conjunction with “fukuyamic” faith in the end of history and free thinking by reaching the longed-for absolute can bring the fatal results.
We found ourselves in the situation when we feel no shame to copy the well-proven methods of our ideological oponents in the effort to preserve our essence, for instance we are inspired by dateless analysis by Antonio Gramsci, who had highlighted the importance of seizing the cultural area of every society which implies political changes, not reversely.
First and foremost we will put our effort in self-education, cognizing of so far unrecognized and eventual transmitting of our conclusions to the territories, where the current situation is similar as in Czech Republic. Consequently some prolific discussions should happen, as well as creating of vital and reasonable ideological doctrines.
It is extremely difficult to be successful in the contest for the “reconquiste” of Europe without any intellectual groundwork widely influencing the socio-cultural sphere. We welcome any prospective political layouts getting inspiration in our activities, in that case they will be provided with our support, but as we have already suggested, Delian Diver strictly rejects to take part in real institucional politics.
Although we feel loyality to our nation and are bound with its interests, there is no way for isolationism in Europe of our age. A solitary nation hardly survives without strong bonds of common civilizational values. Therefore we would like to contribute to the process of creating strong, long-lasting and productive relations within Euro-Russian territorry, one of our main targets is to provide our help and support to the representatives of other European countries, who share our views and would like to establish a similar ideological platform. First and foremost we are focused on neighbouring Slovakia, which has been the closest country to Czech Republic in terms of culture and history in the central European area.
Situation after 1989
In 1989 the rigid Bolshevik communism had been “withdrawn from circulation” in accordance with the worldwide pattern (respectively its post 68´ model of “real socialism“) Reigning marxism-leninism had been defeated by liberalism (its illusory ideological enemy and counterpart), this ideology was considered as an inprospective and obsolete doctrine. There a massive boom of interest in democratic political activities was regarded for the reason of people`s faith in almightiness of parliamentary democracy and its mechanisms ensuring the development of plurality of public views without the surveillance of state censorship. The ideology of egalitarian multicultural liberalism has prevailed.
Even in the field of pro-national politics we could have traced back the exeptional growth of activities, say in two waves: the first one, straight after 1989, where an anticommunist and patriotic enthusiasm prevailed, the second one took place in 90`s as a result of social shocks (which happened due to unruly privatisation of the state assets, collapses of the big state owned companies and uncontrolled tunneling of newly founded bank institutions) and implied a mass disillusion. Unfortunately even despite this disillusion has deepened mainly due to pompous arrogance of Czech government which recognized the puppet state of Kosovo and agreed upon the American bid to install a radar in our territory, there hasn`t been taken advantage of potential for progressive mobilization against the System which still exists from now on.
Whom to blame?
Various subjects (either political parties, movements, its coalitions or civic corporations) have been established just for their future dissolution which seemed to be inevitable after the first particular unsuccess. The reasons have been mainly the personal profiles of the involved persons, unsophisticated populist ideas or the struggle of fractions in the process of permanent splitting for the inability to settle even on the basic consensus.
Delian Diver is not going to reiterate the old mistakes of then leading subjects possesed ambitions in real politics, we are walking down the different way.
Now let`s analyse out the repetitive blunders and conclude an answer to this fundamental question – What to do?
The questions which must be asked by a person willing to be involved in European Resistance Movement are:
1. Does it make any sense to work within the framework of the System and political structures?
Our clear answer is – NO! We are not willing to make compromises in the name of sleazy populism and our atractiveness in the eyes of masses, also our desire is not to abide party`s directives and bylaws which in fact reflect only the selfish effort of the political parties` representatives longing for the lucrative posts in the limelight of glory and personal prosperity. Their goals don`t match the ours, as their real effort is to eliminate the other competitors of similar interests.
We prefer quality over quantity and substantiality over emptied form, what means we have got no ambitions to embark on political stages just as the next prophets of the only universalist truth having the cure to salve the material needs of majority. Our focus is not the parliament, posts in the council of administrators assured by servile loyality to the real agents of “democratic” politics- the global capital or constituting the purpose-built alliances with our oponents just for temporary pragmatic reasons.
We have chosen the non-parliamentary way by creating the independent intellectual platforms engaged in the structures of system on a minimum scale respecting just the basic legal framework (like the norms embedding the founding of civic corporations, conducting the accounting procedures, also the elimination of any violent conduct is a must by any means)
These independent and radical intellectual platforms should clearly stand up against:
- all pro-national political parties and movements which haven`t ever brought any real effect and its former ideological clarity and drive has merged into the swamps of democratism
- the representatives of the “old right” which have commited themselves to the excesses of nacism or longing for “good old times”
- the neoconservative vision of an inevitable connection between defending Europe against islamisation and defending Israel and his interests proclaiming the Jewish culture is an integral part of the European civilisation
Just by this strict rejection of current System we can avoid the assured organisational decay, create the new inspiring cultural environment and lead the European Resistance Movement out of the intellectual ghetto.
2. How should these platforms be created and operated?
The European resistance movement needs to preserve its figting power and avoid the common mistakes which can cause the final failure. The key lies in an imminent touch between its members, whose communication is based on personal bonds. The basics are:
- intentional rejection of operating within the structures of the System- in particular at the political stage which contains all the risk factors resulting in failures- wide, vertically organised, financially demanding structure, which is open to public for it can be easily infiltrated by the agents of the System
- the absence of large-scale organizational structure which can be controlled and influenced by the System and vulnerated by the pressure imposed on it by its ideollogical opponents
- the absence of vertical organizational structure which obstructs the excessive personal ambitions which can be secretly used to act against the whole by the opponents
- minimal financial demandingness of the platforms` establishing, which enables their quick forming and minimizes the possibility of “financial infiltration” by the individuals or groups acting according to System`s agents` or ideological opponents` interests
- tactical dropping of the old phraseology automatically branded as rasist and compared to nazists` racial theories and virulent antisemitism (reduction ad Hitlerum). The reforming of the European resistance movement`s discursus does by no means signify we have diverged of the main objective: the contest for preserving of the European physical, cultural and spiritual heritage. The newly defined discursus primarily means assuring the mistakes of the past won`t be commited again
3. What forms should these platforms possess?
By abandonement of the collaboration with the System`s elements in the form of political participation on the distribution of power, organizational structure and obsolete phraseology these platforms are open to various intellectual sources of ideas whose goals can match those of European resistance movement even despite possible differences between each other.
Communication, inter-personal cooperation and multilingual presentation within the scope of broader platform (geographically in Euro-Russian territory, culturally in every area where people of European descent live – USA, Canada, South Africa, Australia, etc.) can be considered as a growing necessity (and conditions sine qua non) of resultful activities.
This strategy can be implemented by these platforms in the form of student clubs, discussion groups, circles of readers, virtual blogs and any other meaningful microcommunity (hereby we would like to highlight the role of women within this movement, environmental activities, revitalization of the ancient religious systems, etc.) These cultural patterns create the sources of maintaining and expressing the European Resistance Movement`s ideas.
4. What is the role of an individual in this process?
It is not an imminent urgency to create just the platforms, the activities within the framework of European Resistance Movement can also acquire the shape of individual cultural protest against “spirit of the age”. The mutual cooperation and the exchange of ideas between these platforms and “forrest walkers” (or „partisans of modern age”) contribute the cells of resistance to create and maintain themselves and to infiltrate the domains, where are not expected by the System which has not been prepared for their presence and activities yet.
5. What does “European Resistance Movement” mean?
The network of cooperating platforms creates the substrate for the brand new movement – European resistance movement. Eventually this movement will be working as an interconnection between various groups, platforms and individuals, who will share the collective identity endeavouring for the change of current social climate and restitution of the European society`s organic structures (cultural, social and mental).
It is inevitable at least for leading groups and individuals to gain the ideal identity and background which can be formed as the result of intellectuals` debates, proclamations and essays. There is no shame for us to admit we are not afraid to copy the deconstructional tactics commonly applied by our ideolocical opponents, especially by:
- defining and labelling the enemies of European Resistance Movement
- recognition and description of pros and cons of our ideological opponent`s identities
- the analysis and deconstruction of this intellectual identity
- proposals for changes of social climate and reconstruction of an organic system
6. How are these platforms supposed to cooperate?
As it has already been suggested the basic is a proximate contact between its members, in the international scope we can cite one of the conclusions drawn at the conference called “The White World`s Future“ held in Moscow in 2006- „the imminent contact has been made via internet, by creating the webportals, personal blogs and through the participation on the international conferences, education trainings and meetings.”
It is simply not possible to embrace the whole matter just in one speech, therefore after setting this primary process off there are more crucial topics to be discussed at further conferences refered to creating the System`s antipodes by establishing the paralel structures and institutions (for instance home schools, other educational institutes and possibly universities, economically autarchic communities, as for internet activities the creating of self-publishing houses, holding virtual exhibitions, etc.)
Sic semper tyrannis!
Delian diver´s team.
http://deliandiver.blogspot.com
15:55 Publié dans Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : république tchèque, métapolitique, mitteleuropa, europe centrale, prague, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook